L'oeuvre sociale de la Révolution française

LA RÉVOLUTION ET LE CLERGÉ 291

Mais surtout l'animosité est grande entre les membres des deux clergés. Les premiers jouissent de presque toute la fortune de l'Église; les seconds en acquittent presque tous les devoirs. D'après l'État des Archevéchés, déjà cité, seuls 9 évèchés rapportent à leurs titulaires moins de 10.000 livres; 44 produisent plus de 10.000 livres, 40 plus de 20.000, 18 plus de 30.000, 7 plus de 40.000, 5 plus de 50.000, 4 plus de 60.000, 4 plus de 80.000, 4 enfin plus de 100.000 livres. À leurs archevêchés et évèchés, les prélats joignent la possession d’autres bénéfices, généralement rémunérateurs, des abbayes, des prieurés. Le siège de Vienne rapporte ainsi, en 1743, 126.000 livres, au lieu de 20.000; celui de Strasbourg 248.000, au lieu de 180.000; celui de Lyon 120.000, au lieu de 48.000; celui de Rennes 58.000, au lieu de 12.000. L’énumération deviendrait fastidieuse; elle est du moins significative. Les chanoines, les doyens, dans des proportions moindres, accumulent de même les bénéfices. Grâce à ces prébendes, ils mènent large vie; ils ne sont souvent point astreints à résider, et viennent dépenser leurs revenus à la cour.

Le bas clergé, au contraire, a des devoirs fort lourds et un salaire très faible. En outre du ministère sacré, il tient les registres de l'État civil, dirige l'instruction des paroissiens, préside les Compagnies

de charité. C'est lui qui exerce vraiment une