L'oeuvre sociale de la Révolution française

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sissent. Soutenus par quelques prélats, ils pressent,

LA RÉVOLUTION ET LE CLERGÉ 295

avec une insistance émue, leurs collègues de descendre dans la chambre du tiers. C’est en vain que le parti de la haute Église essaye d’enrayer le mouvement; l'élan est irrésistible. Dès le 13 juin, trois curés poitevins, dont Jallet, vont s'asseoir sur les bancs du tiers, bientôt rejoints par Grégoire et par deux curés bretons. Le 15, le 16, de nouvelles adhésions se produisent, qui permettent à l’Assemblée, le 17, de se déclarer Nationale; et, entraînée par cet acte, la majorilé du clergé se prononce le 19 pour la réunion. Les prélals intransigeants, indignés, désespérés de cette décision, tentent un dernier effort; ils s'adressent au roi, le supplient, en échange de leurs privilèges qu'ils lui abandonnent, d'empêcher la fusion des trois ordres. Louis XVI accepte d'intervenir, il échoue. Les députés libéraux du clergé, fidèles à leur parole, se joignent au tiers état dans l’église Saint-Louis ; et, quand l’Assemblée Nationale, sommée par le roi de se dissoudre en trois chambres et de voter par ordre, selon l'ancien usage, refuse d’obéir, on compte au nombre de ces rebelles 80 prêtres environ qui apportent à leurs collègues le concours de leurs voix et l'appui de leur autorité. Avec le roi, la haute Église fut vaincue; Louis XVI reconnut sa défaite, en ordonnant aux trois ordres, après l'avoir | défendu, de se réunir.