L'oeuvre sociale de la Révolution française

Len.

296 L'ŒUVRE SOCIALE DE LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

Dès lors, les anciennes distinctions sociales sont de fait abolies en France; lorsque parut le décret du 5 novembre 1789, il y avait déjà quatre mois que la division traditionnelle de la nation en ordres ne correspondait plus à la réalité. L'Église cessait donc, dès la fin de juin, d’être une corporation autonome, de former un État dans l'État. En s’associant à la noblesse, au tiers, le clergé a, par cela même, accepté le principe de la souveraineté nationale; il s’est soumis à la loi commune; il a remis à l’Assemblée, avec les destinées du pays, le droit de connaître de ses affaires et de régler son sort. La Constituante avait fait reconnaître sa mission et son autorité; elle pouvait entreprendre son œuvre libératrice. L'Ancien Régime était condamné.

Menacé dans ses privilèges, le haut clergé entre prit de les défendre; il avait obéi au roi à contre= ; cœur, sans se faire illusion sur les conséquences de son acte. Il chercha, du moins, à retarder, à limiter les sacrifices qu'il aurait à consentir; il voulut ralentir, circonscrire le mouvement révolutionnaire. Sa résistance fut vaine : il avait contre lui la grande majorité de l’Assemblée, tiers, nobles libéraux, clergé démocratique, empressés à fonder

une France nouvelle où régnerait plus de justice et

d'égalité, et le peuple des campagnes, impatient de voir la terre libre. L'action législative comportait