L'oeuvre sociale de la Révolution française

LA-RÉVOLUTION ET LE CLERGÉ 299

de nombreux orateurs, des députés du tiers, comme Buzot, Mirabeau, Camus, des nobles comme le marquis de Lacoste, des prêtres comme Talleyrand, Gouttes, Jallet. La cause de la haute Église fut défendue par des avocats de talent comme Maury : elle fut vaincue. Le 2 novembre 1789, Mirabeau faisait déclarer que les biens du clergé étaient à la disposition de la nation, et, le 9 juillet 1790, parraissait le décret qui mettait en vente la totalité de ces biens.

Ces mesures spoliatrices laissaient les gros bénéficiaires ecclésiastiques aigris, exaspérés. Leur haine contre la Révolution s'était manifestée dès le premier jour; et maintenant déçus, ruinés, ils n’entendaient plus garder de ménagement. Leur colère les portait aux résolutions extrèmes : ils cherchèrent, dans l'Assemblée, à faire œuvre d'obstruction; ils s'appliquèrent à réveiller, à surexciter en France les passions religieuses, et, en prêtant à la Constituante des sentiments anticatholiques et athées, à soulever le pays contre ses libérateurs. Réduits à leurs propres forces, ils étaient condamnés à l'impuissance. Leurs députés, même unis à ceux de la féodalité intransigeante, ne formaient qu'une faible minorité : dans les provinces, leurs longues absences ne leur avaient pas permis d'exercer une influence sérieuse sur l'esprit des fidèles. Pour que

leur résistance fut efficace, il fallait que la démo-