L'oeuvre sociale de la Révolution française

LA RÉVOLUTION ET LE CLERGÉ 301

sions opprimées, il faut voir en eux des exceptions, d'autant plus honorables que leur acte prouve à la fois l'indépendance de leur esprit et celle de leur caractère. Les membres du clergé s'étaient déclarés, presque partout, dans leurs cahiers, contre la liberté religieuse; ils se plaignent de la tolérance dont les protestants jouissent depuis 1787. Ils réclament l'exécution littérale, stricte, impitoyable de l'édit de 1685 et des édits subséquents. Loin d’accepter une diminution de leurs pouvoirs politiques et de leur autorité sociale, ils demandent qu'on les renforce. La Constituante, où le curé Thiébaut reprocha un jour aux philosophes d'être des « fauteurs de tolérance », n'ignorait pas ces sentiments et ces vœux; mais elle ne pouvait partager les uns, ni exaucer les autres. Attachés fermement pour la plupart au catholicisme, les Constituants, en très grande majorité, l'élaient aussi aux préceptes des philosophes : ils croyaient à l'existence, à la valeur absolue de ce droit naturel, dont la méconnaissance avait, d'après eux, provoqué les malheurs de la France. Par égard pour les susceptibilités, mème les préjugés du clergé, ils hésitaient au début de leurs séances à formuler nettement, comme un article de foi, le principe de la liberté de conscience, et surtout à tirer de ce principe toutes les conséquences qu'il comportait; mais ils se refusaient

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à aggraver, même à maintenir le despotisme que