L'oeuvre sociale de la Révolution française

302 L'ŒUVRE SOCIALE DE LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

l'Église exerçait sur l'individu, à tolérer plus longtemps un régime de persécution et d'iniquité qui révoltait la raison.

Aussi la Déclaration des Droits de l’homme contint-elle un article relatif à la liberté de conscience. La première rédaction en était volontairement obscure et embarrassée : « La loi ne pouvant atteindre les délits secrets, c'est à la religion et à la morale d'y suppléer. — Il est donc essentiel pour le bon ordre même de la société que l’une et l’autre soient respectées. Le maintien de la religion exige un culte public. Le respect pour le culte public est donc indispensable. — Tout citoyen qui ne trouble point le culte établi ne doit point étre inquiété». Mais la logique des choses triompha de la prudence des hommes. Après un très vif débat, l’Assemblée rejela ces déductions pénibles et contournées; et, sans aller jusqu'à déclarer, comme le demandait M. de Castellane, que «nul homme ne doit être inquiété pour ses opinions religieuses ni troublé dans l'exercice de son culte », elle s'arrêta à un texte encore équivoque, mais cependant décisif: «Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, #76me religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l’ordre public établi par la loi»; et le 24 décembre 1789, devenue plus hardie, elle commença à réparer une des injustices du siècle passé, en

admettant à tous les emplois civils et militaires