L'oeuvre sociale de la Révolution française

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LA RÉVOLUTION ET LE CLERGÉ 303 en déclarant citoyens français de plein droit les protestants de France.

L'œuvre de Louis XIV était donc détruite : l’Assemblée venait de briser cette alliance intime de l'Église et de l'État, qu'avait, un siècle plus 1ôt, proclamée le grand Roi. Mais dans cette France presque laïcisée, qui s'ouvrait largement aux dissidents, le clergé entendait que l'Église gardàt du moins sa prépondérance, que le catholicisme seul fût reconnu par la loi. Le 12 février, l’évêque de Nancy La Fare demande à la Constituante de déclarer la religion catholique religion d'État. Peut-être le prélat, ennemi acharné de la Révolution, avait-il vu uniquement dans cette motion, le moyen d'agiter l’Assemblée et le pays, et d'empêcher, par un dernier effort, la mise en vente des biens ecclésiastiques. Mais, deux mois plus tard, un religieux, jusque-là très favorable aux idées démocratiques, qui, loin de faire cause commune avec le parti des évèques, l'avait souvent combattu, dom Gerle, reprend pour son comple la proposition de M5 La Fare. On ne peut donc contester que, dès avril 1790, un vif mouvement d'inquiétude et de mécontentement ne se soit manifesté dans les rangs du clergé populaire. Nous sommes, de toute évidence, parvenus à un moment critique : les curés, restés sourds aux plaintes, aux doléances des prélats, sont

tout près d'y prêter une oreille complaisante. La