L'oeuvre sociale de la Révolution française

304 L'ŒUVRE SOCIALE DE LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

Constituante ne se méprit pas sur les difficultés de la situation. Si elle rejetait les motions qu'on lui présentait, ne risquait-elle pas de passer pour une Assemblée irréligieuse, hostile au catholicisme? Ne donnerait-elle pas à la féodalité qu’elle se préoccupait d'anéantir une nouvelle force et de nouveaux moyens de résistance? La laïcisation des biens d'Église, mesure essentiellement financière, ne paraitrait-elle pas à certains un acte de persécution religieuse? Et, d'autre part, comment voter la motion de l’évêque de Nancy ? Elle ne contenait rien en elle-même qui répugnât à la conscience des Constituants ; bien plus, elle exprimait fidèlement, les sentiments de la majorité d'entre eux; mais les

députés comprenaient qu'à proclamer la religion catholique religion d'État, ils ruinaient leur œuvre et se condamnaient eux-mêmes à l'impuissance: Que resterait-il, s'ils se rangeaient à l'avis de La Fare, à celui de dom Gerle, de la Déclaration des Droits? Quelle serait la condition faite aux dissidents, aux membres des autres confessions, surtout à ces protestants qui venaient d’être déclarés citoyens de plein droit? En théorie, ils seraient libres; ils seraient les égaux des autres citoyens: En fait, ils vivraient dans un état d’infériorité légale; ils sembleraient des coupables, à qui leur peine aurait été remise par une grâce honteuse, non des hommes, iniquement persécutés, à qui l’Assem=m