L'oeuvre sociale de la Révolution française

LA RÉVOLUTION ET LE CLERGÉ 305

blée avait restitué un de leurs droits naturels, inaliénable et imprescriptible.

La Constituante sortit habilement de ce dilemne embarrassant. Elle protesta de son respect pour la religion catholique, mais elle déclara que ce respect même ne souffrait pas d'être mis en discussion, et passa, par deux fois, à l'ordre du jour. La droite, déçue, irritée, voulait faire sécession ; elle supplia le roi de dissoudre l’Assemblée Nationale. L'attitude menaçante du peuple de Paris intimida Louis XVI, et les projets séparatistes de l'abbé Maury ne furent suivis d'aucun effet. Mais les Constituants s'étaient trouvés dans une situation trop critique, pour en envisager sans crainte le retour : ils s'étaient heurtés à une opposition si ardente qu'il leur parut sage de la ménager. S'ils poursuivirent leur œuvre d’émancipation et de réparation, ce fut donc avec lenteur, avec prudence, presque avec timidité. Quand, par le décret du 27 septembre 1791, ils admirent les juifs au droit de cité, et firent du principe de la liberté de conscience une vérité en France, l'Assemblée était à la veille de se dissoudre, et, depuis longtemps déjà, elle n'avait plus à s'inquiéter des susceptibilités et des demandes d’un clergé, acquis à la cause de la contre-Révolution. La Constitution civile du clergé avait été votée, ruinant l'accord fécond des premiers jours entre le tiers et la démocratie curiale, et préparant la guerre civile.

20