L'oeuvre sociale de la Révolution française

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et respectueuse de la liberté individuelle. La loi ne reconnaissait plus les vœux perpétuels, mais elle n’obligeait pas les religieux à violer leurs serments. Loin de là. Ceux qui voulurent continuer à vivre de la vie conventuelle le purent librement. L'État leur indiqua seulement des maisons où ils devraient se renfermer, et leur versa, comme une indemnité de leurs biens perdus, une pension « raisonnable ». Le décret du 20 avril ne fut donc pas un arrêt de proscription; il n'ouvrait nullement, dans la pensée des Constituants, une ère de persécution; et, ce qui prouve qu'il était justifié, c’est que (des historiens hostiles à la politique religieuse de la Révolution, comme M. Sciout, sont forcés de le constater) un grand nombre de moines se hätèrent de rentrer dans la vie civile. Mème dans des pays très croyants, la Bretagne par exemple, une minorité imposante fut rendue au siècle.

Restait à réaliser une autre réforme, beaucoup. plus délicate et complexe, celle du clergé séculier. L'Assemblée avait déjà aboli certains abus criants, notamment le cumul des bénéfices. Mais une œuvre plus vaste s’offrait à l’ambilion du Comité ecclésiastique. Le moment était venu, croyait-il, de faire revivre en France ces libertés gallicanes que l'Assemblée de 1682 avait proclamées, et même de les” étendre. La nation était souveraine ; c'était là une. vérité incontestable, la vérité légale depuis la