L'oeuvre sociale de la Révolution française

318 L'ŒUVRE SOCIALE DE LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

sions populaires. Lui-même, bien que brave, est troublé : il a peur de ces émeutes qui l'ont chassé de Versailles et l'ont conduit, vaincu, prisonnier, à Paris. Il se décide, désolé, à sanctionner la Constitution civile. Puis, aussitôt, il pense à une éventualité redoutable. Si le pape condamne le décret qu'il vient lui-même d'approuver, que deviendra-t-i1? S'il observe la Constitution, il joue son salut éternel; s’il la viole, il joue son trône, sa vie, celle des siens! Affolé par cette alternative, il cherche à gagner du temps; il supplie Le pape de ne pas prononcer de suite une condamnation, d'attendre que la France soit plus calme. Le pontife ne pourrait-il même faire quelques concessions, qui donneraient satisfaction à l'opinion publique et permettraient de négocier? Bernis, qui est chargé de transmettre ces demandes du roi à Rome, trouve le pape irrité, mais indécis. Il a reçu déjà de nombreuses plaintes ; il ne veut rien dire ni faire qui paraisse approuver la Constitution civile; mais il a peur, lui aussi, el calcule avec effroi les conséquences possibles d'une condamnation. Avignon s'est déjà soulevée. L'Assemblée, par déférence pour le Saint-Siège, s’est refusée jusqu'ici à réunir le Comtat à la France. Observera-t-elle la même réserve, s’il se départit de la sienne ? Aussi voudrait-il que le roi prit l’initiative de la résistance: il blâme la timidité de

Louis XVI, parce qu'elle découvre la sienne. Il