L'oeuvre sociale de la Révolution française

LA RÉVOLUTION ET LE CLERGÉ 319 écrit au roi des lettres sévères pour l’engager à ne pas céder, mais il a soin de tenir ces lettres secrètes. S'il se plaint avec amertume, le 20 septembre, de la sanction royale qui a donné à la Constitution civile force de loi, il ne laisse pas de réunir une commission de cardinaux, qui délibère longuement et examine, sans se presser, l'œuvre de l’Assemblée.

Abandonnés, les évêques ne s’abandonnent pas eux-mêmes : ils refusent de nommer aux cures situées hors des limites anciennes de leurs diocèses; ils font paraitre une Exposition de principes, où ils attaquent et réfutent les arguments du Comité. Fait grave, le bas clergé commence à les suivre ; il les écoute. À côté des chanoines, dont la résistance ne peut surprendre personne, beaucoup de prètres, dans les villes et les campagnes, protestent contre la Constitution civile. En certaines régions, Le revirement est brusque : des populations jusque-là dévouées à la Révolution lui deviennent soudain hostiles. La Constituante ne s'effraye pourtant pas de cette opposition qui reste encore timide; elle croit qu'elle en viendra facilement à bout. Pour la briser, elle recourt aux mesures de rigueur. Par le décret du 27 novembre 1790, elle enjoint à Lous les ecclésiastiques de prêter sans délai le serment d’être fidèles « à la nation, au roïet à la loi, et de maintenir de tout leur pouvoir la Constitution » qu'elle vient de décréter, ou sinon, de: se démettre de leurs fonc-