L'oeuvre sociale de la Révolution française

LA RÉVOLUTION ET LE CLERGÉ 321

constitutionnel compta un chiffre assez imposant d’ecclésiastiques et de fidèles. Dans les campagnes, les paysans restèrent fidèles à leurs curés, qui restèrent eux-mêmes attachés à l’ancienne discipline. Dans ces conditions, il paraissait impossible que le pape prolongeàt sa politique d’abstention. L'honneur, l'intérêt lui commandaient de se solidariser avec tous ceux qui combattaient pour lui; et le triomphe des réfractaires était seul capable d'empècher la séparation de l'Église de France et du pouvoir pontifical. Le 13 avril, il condamna solennellement la Constitution civile. Le schisme était consommé.

Pourtant l’Assemblée gardait encore des illusions étranges : elle se figurait que cette rivalité de deux clergés, l’un soumis à la loi ou assermenté, l’autre rebelle ou réfractaire, n’altérerait pas l’unité du catholicisme en France, et ne menacerait pas la paix publique. Le clergé soumis serait le clergé publie, officiel; il serait salarié par l'État, et exercerait seul les fonctions paroissiales. L'autre vivrait tranquillement, célébrant les offices, s’acquittant de ses devoirs religieux, mais ne rendant plus aucun service aux fidèles. C'était là une erreur qu'il est malaisé de s'expliquer. Comment le clergé réfractaire eùût-il accepté ce rôle effacé, presque honteux, auquel on prétendait le réduire? Bien plus,

comment eût-il souffert d’être privé deses fonctions al