L'oeuvre sociale de la Révolution française

LA RÉVOLUTION ET LE CLERGÉ 339

À examiner les faits avec attention et sans parti pris, on s'aperçoit done que la Révolution ne fut pas, dès le principe, le mouvement de persécution religieuse qu'on a trop souvent vu en elle. Les hommes de 1789, qui l’inaugurèrent, étaient non des sceptiques ou des ennemis de l'Église, mais des catholiques convaincus. Loin de souhaiter une rupture avec le clergé, ils désiraient l'union étroite de l'État et de l'Église; et, pour que cette union fût intime et durable, ils entreprirent de mettre en harmonie la société civile et la société ecclésiastique, en les régénérant toutes deux.

Leur erreur fut de croire à la possibilité d’une telle œuvre ; leur faute, de s’obstiner à la tenter, coûte que coûte. Les événements, qu'ils ne surent pas diriger, les entraînèrent où ils ne voulaient pas aller ; partisans zélés de la religion romaine, ils en devinrent insensiblement les ennemis acharnés. La résistance du clergé, qu'elle n'avait pas prévue, étonna et blessa la Constituante. Elle exaspéra les membres de la Législative et de la Convention, lorsque la France fut menacée de l'invasion étrangère. Ils se refusèrent à toute concession, parce qu'une concession eût été un aveu de faiblesse, et

que le salut de la patrie exigeait de l'audace; et,