L'oeuvre sociale de la Révolution française

L'ARMÉE ET LA CONVENTION 347

autres sujets du roi : les soldats sont traités par les officiers en êtres inférieurs ; il faut d’ailleurs des règlements sévères pour contenir des hommes qui se sont engagés dans un moment de désespoir ou par un entraînement irréfléchi ; il faut recourir à la force matérielle et à la rigueur pour réprimer les vices de cette multitude, vices entretenus par l’oisiveté, par l’absence de toute ambition honorable et de toute noble espérance.

Soumises à des lois particulières, les troupes sont en outre animées d'un esprit particulier, l'esprit militaire : peu estimés des civils, les soldats se vengent par l’arrogance, méprisent la vie pacifique, l'existence régulière, et jusqu'aux mœurs du roturier qui n'est pas soldat.

Cette situation et cet état d'âme des militaires ont des conséquences fàcheuses pour l’armée même. Elle est profondément divisée : entre officiers et soldats il y a un fossé que rien ne peut combler, au dédain des supérieurs répond l'envie des subordonnés ; l'esprit de corps qui isole les militaires des civils, isole les uns des autres les différentes armes et les divers corps, cavaliers et fantassins se jalousent, et les mêmes rivalités existent d'un régiment à l’autre, maintenues par la tradition et le nom particulier de chaque régiment.

A la vérité, officiers et soldats ont des passions

communes. D'abord les Français considèrent tous