L'oeuvre sociale de la Révolution française

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le service du roi comme un honneur, et si cette conception ne triomphe pas du mépris du civil pour le soldat, le soldat, lui, en arrive à penser comme l'officier noble que le service du roi à l’armée est la carrière la plus honorable. Le loyalisme héréditaire des Français, l'exemple de ses supérieurs entraînent ce mercenaire à se sacrifier avec autant d'enthousiasme que ses officiers nobles pour les ambitions du souverain. Puis, le sentiment de l'honneur militaire, très puissant chez les officiers, se répand chez leurs subordonnés. Officiers et soldats communient aussi dans le dédain de la population civile. Enfin, en temps de guerre, le danger, les mille incidents dramatiques ou burlesques de la vie des camps rapprochent l'officier et le soldat, les font s'entr'aider, développent momentanément une sorte de camaraderie, et le tutoiement dont use l'officier vis-à-vis deses hommes, cesse alors d'ètre méprisant pour devenir amical. Tout cela d’ailleurs ne suffit point à unir les deux classes de la nation superposées dans l’armée.

En dehors des soldats réguliers, il existe des milices bourgeoises appelées au service en vertu de ce principe que tous les sujets doivent secours au souverain, que tous les Français de dix-huit à quarante ans doivent le service militaire au roi. Mais le principe est démenti dans les règles même de l'institution. Quantité d’exceptions sont établies