L'oeuvre sociale de la Révolution française

L'ARMÉE ET LA CONVENTION 349 qui permettent à tous les roturiers notables des campagnes et surtout des villes d'esquiver cette obligation, et le remplacement à prix d'argent est admis dans la pratique. Redouté dé tous, le service dans la milice est d’ailleurs méprisé : le milicien est traité avec autant d'arrogance que le civil par le soldat des troupes de ligne.

Cette armée, est, comme la nation toute entière, aux ordres du roi, et du roi seul. Il en est le chef héréditaire et absolu. Les sujets de Louis XVI n'interviennent pas plus dans la direction, le commandement et l'emploi des troupes que dans l’administration du royaume. Non seulement l'armée est aux ordres du roi, mais elle est au roi, elle est sa propriété particulière : les soldats lui ontengagé leurs services et leur existence moyennant argent, les officiers, comme nobles, sont voués de père en fils à servir le souverain dans les armées. L'armée n’est done pas à la nation et jamais un militaire de l'Ancien Régime ne dit qu’il sert ses concitoyens ou qu'il sert la France, il ne connait que le service du roi. Il est bon toutefois d'ajouter que la France et le roi se confondent dans les esprits et que le royalisme est une forme du patriotisme.

En résumé, l’armée de l’Ancien Régime, quoique faite à l'image de la nation et recrutée dans la nation, ne représente point la nation, à l'exception de la caste des officiers qui représente la