L'oeuvre sociale de la Révolution française

L'ARMÉE ET LA CONVENTION 351

II

Le discrédit dont étaient frappées à la fin du xvin® siècle les institutions politiques de l'Ancien Régime, atteignit fatalement ses institutions militaires. On protestait contre les privilèges de la noblesse et on réclamait l'égalité entre elle et Le tiers état : il ne devait donc plus exister dans l’armée de caste privilégiée, il était juste que tous eussent accès aux grades. On demandait la jouissance pour tous les Français des droits naturels et imprescriptibles de l’homme et du citoyen : il ne pouvait done plus subsister de régime d'exception pour l’armée, et la discipline devait laisser aux subordonnés une certaine somme de liberté ainsi que des garanties vis-à-vis des supérieurs. On déclarait que la nation, loin d’être la propriété du roi, devait être maîtresse de ses destinées, de ses ressources, et qu’elle était souveraine : l’armée appartenait donc à la nation et non pas au roi. Les institutions militaires furent en outre attaquées directement. Le recrutement de l’armée, à l’aide de soldats mercenaires, cut contre lui tous les lecteurs de Voltaire et des mésaventures de Candide, tous ceux qui

considéraient avec Rousseau que le service mili-