L'oeuvre sociale de la Révolution française

352 L'ŒUVRE SOCIALE DE LA RÉVOLUTION FRANCAÏISÉ

taire doit être un devoir honorable pour tous et non pas seulement pour une minorité privilégiée, tous ceux qui, sur la foi de l’auteur du Contrat social, pensaient que le sentiment de ce devoir et de cet honneur sont plus efficaces que les coups de canne pour donner aux soldats de l'énergie et du courage ; il eut encore pour ennemis tous ceux qui, avec Montesquieu, admiraient l'armée de la République romaine, c'est-à-dire la nation en armes, pénétrée de l’amour de la patrie, et combattant pour la patrie. Enfin des militaires, le maréchal de Saxe jadis, Servan à l’aube de la Révolution, réclamaient l'extension du service militaire à tous les Français par l'établissement de la conscription, et l'exemple de l'Autriche qui l'avait adopté militait en faveur d'un procédé qui devait assurer au pays des contingents inépuisables de défenseurs. Ainsi naquit dans les esprits la conception d'une nation dont tous les citoyens seraient égaux, libres, et se gouverneraient par eux-mêmes, et parallèlement la conception d’une armée nationale et citoyenne, c'est-à-dire d’une armée formée de la nation et la représentant, vivant sous le même régime que l’on souhaitait pour la nation, sous un régime d'égalité et de liberté, et obéissant aux représentants de la nation souveraine. Les cahiers de doléances rédigés pour les États généraux, même les cahiers de la noblesse,