L'oeuvre sociale de la Révolution française

354 L'ŒUVRE SOCIALE DE LA RÉVOLUTION FRANÇAISE frayèrent des actes de désobéissance, des manifestations de l’esprit de révolte qui se multipliaient parmi les troupes.

La lutte qui s'engagea entre Louis X VI et la Représentation nationale aggrava cet état de choses. A qui l’armée devait-elle obéir? Le plus grand nombre des soldats, se considérant comme citoyens, c’est-àdire comme membres de la nation, se soumirent à la souveraineté de la Représentation nationale et prirent parti pour la Constituante. La minorité, surtout les corps d'étrangers, restèrent fidèles au prince auquel ils avaient engagé leurs bras et qui les payait; les officiers en général firent de mème, car ils s'étaient voués au service de la personne royale et ne reconnaissaient pas d'autre souverain que le monarque héréditaire. D'ailleurs, les soldats espéraient qu'une fois victorieuse dans le conflit la Représentation nationale les ferait bénéficier de droits qu’elle voulait accorder à tout citoyen, et les ofliciers attendaient de Louis XVI, débarrassé des constituants, la confirmation des privilèges de leur classe.

Alors s’engagea dans chaque régiment, et de régiment à régiment dans chaque garnison, une véritable guerre civile. Dans les localités où étaient casernés, à côté des régiments d'infanterie, des corps de cavalerie ou des troupes étrangères, les cavaliers, par esprit

de corps et dédain du fantassin, se rangeaient