L'oeuvre sociale de la Révolution française

L'ARMÉE ET LA CONVENTION 387 Cette conséquence de l'application du droit commun aux troupes rencontre des opposants déterminés, surtout parmi les Girondins et les membres de la Plaine, héritiers des scrupules de la Constituante. Ils ne contestent point le principe, leurs objections sont toutes pratiques. Les troupes, disentils feront de mauvais choix : «ici, comme dans un « grand nombre de cas, on substitue l'homme « parfait à l'homme imparfait, les inductions de la raison à celles de l'expérience ». Les Montagnards professent de façon générale que le peuple est juste et qu'il ne peut se tromper. Mais il est avéré qu'il s’est souvent trompé dans le choix de ses administrateurs et députés. Aussi n’osent-ils invoquer cel axiome dans la circonstance présente. Dubois-Crancé se contente de dire qu'il n'y a aucune comparaison à faire entre les électeurs, « inconnus « les uns aux autres, pressés de faire des choix, « environnés de sourdes perlidies, et une masse « d'hommes toujours ensemble, qui,se connaissent « à fond, qui recherchent le caractère de leur cama « rade jusque dans ses actions privées, et qui, « placés devant l'ennemi, savent que leur vie et « leur honneur dépendent des choix qu'on veut « faire ». Si « l'élection des chefs particuliers des corps « est le droit de cité du soldat », par contre « l’élec-

« tion des généraux est le droit de la cité entière »,