L'oeuvre sociale de la Révolution française

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elle comme on se rejetterait vers Dieu après un amour délaissé! Cette religion a son idolâtrie : «un républicain doit être plus jaloux de son fusil que de sa maitresse », et des soldats embrassent avec transport des pièces de canon qu'ils croient destinées à faire le siège d’une place ennemie.

Les traits de désintéressement, les élans de solidarité, les actes de dévouement sont innombrables parmi les troupes. Des soldats adoptent des enfants trouvés, partagent leur misérable ration de vivres avec des pauvres, sauvent des citoyens en danger de mort et refusent toute récompense. Leur foi dans la cause de la France et dans son succès final est indicible.

L'enthousiasme estinouï: «Je me trouvais comme « transporté dans une atmosphère lumineuse. J'en « ressens encore la chaleur et la puissance à cinquante-cinq ans comme au premier jour », écrira plus tard un de ceux qui devaient être le moins fidèles à ces nobles souvenirs, Marmont.

Et tous pensent qu'après la victoire, c’est-à-dire après avoir renversé les despotes et prêché aux peuples l’évangile de la liberté, ils n'auront qu'à rentrer chez eux, à reprendre leurs occupations passées et à se confondre parmi leurs concitoyens. 1. Voir la belle lettre du représentant Ehrmann, écrite de Sarrebrück àla Convention, le 25 nivôse an II (Moniteur, t. XIX, p. 233).