La correspondance de Marat

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LA CORRESPONDANCE DE MARAT 99

dit-il‘, d'écrire à nos seigneurs des États-Généraux plus de vingt lettres que je publierai un jour.» Parmi ces letires, s’en trouvait une, datée du 27 juillet 1789, et relative à la constitution d’un tribunal d'État. Marat en donne, dans le n°2 du Publiciste parisien (13 septembre 1789), l'extrait que voici :

… Au milieu des grands objets qui occupent les esprits, la recherche des criminels d'Etat fixe particulièrement l'attention : on s’est mis à leur poursuite, et déjà quelques-uns ont expié leurs forfaits. Leur supplice était mérité sans doute; mais, en le leur infligeant, on a violé la Justice et outragé la Nature. Aux scènes atroces qu’a fait éclore la vengeance de la populace, doivent succéder des jugements réguliers. Que le châtiment des traîtres à la Nation, qui voulaient se baigner dans son sang ou la faire périr de faim pour s'enrichir de ses dépouilles, soit donc capital et infamant, mais juridique.

On a mis en question si cette auguste Assemblée a le droit de créer un tribunal pour connaître des crimes d'État. Qui en douterait encore? Non seulement elle le peut, mais elle le doit, lorsque les cours de justice ordinaires n’ont plus la confiance du peuple, et qu’elles ne peuvent plus remplir le but de leur institution.

XXXIV

LËTTRE AU PRÉSIDENT DES ÉTATS GÉNÉRAUX (23 août 1789)

De toutes les lettres adressées par Marat à l'Assemblée nationale, celle-ci est la seule qui nous ait été conservée inté-

1. L'Ami du Peuple, n° 13.