La correspondance de Marat

102 LA CORRESPONDANCE DE MARAT

publication, jusqu'à ce que les élections fussent finies. Mais, quoiqu’eiles m’eussent fait perdre l’occasion d’engager les Anglais à s’honorer par le choix de leurs représenfants, je ne manquai pas entièrement mon objet, qui était la réforme des vices capitaux de la Constitution.

D’après un examen rigoureux, j'avais reconnu que le principe de la corruption qui régnait dans le Parlement de la Grande-Bretagne était l’influence directe que le roi exerçait sur le choix des membres de la Chambre basse, sur le nombre des membres de la Chambre haute, et sur _les suffrages des uns et des autres, par l’appât des places dont il dispose et des largesses dont il peut devenir la source.

On demandera sans doute quelles largesses pouvait faire le prince avec une liste civile assez bornée, vu la multiplicité des places de la couronne et l’énormité de leurs appointements, tous à sa charge. La réponse est facile : c’est que le roi, ayant à sa nomination les ministres et les lords de la trésorerie, peut puiser par leurs mains dans le trésor public pour l'exécution de ses projets ambitieux, et y puiser encore pour empêcher les membres du Parlement de connaître de ses déprédations. Or, la demande en reddition de compte ne passant qu’à la pluralité des voix, il est toujours maître de s’y opposer en s'assurant de la majorité des votants.

Pour remédier à ces abus et aux maux cruels qui en sont la suite, j'avais proposé quatre bills à décréter comme lois fondamentales de l’État :

Oter à la couronne la nomination des députés, qu’une multitude de petits hameaux a le privilège d’élire, et cela en noyant les électeurs dans la massé de leurs comtés respectifs ;

Oter à la couronne le privilège de créer des pairs, pour le conférer au Parlement, astreint lui-même à n’en faire usage qu’en faveur des plébéiens qui auraient rendu des services signalés à la patrie;