La correspondance de Marat

104 LA CORRESPONDANCE DE MARAT

l’homme ou du citoyen, et ils ne peuvent exercer aucun acte judiciaire : s'ils ne connaissent pas encore les limites des pouvoirs qu’on leur a confiés, je m'engage à les leur tracer. En attendant, ils me permettront de leur présenter la déclaration suivante, qui doit intéresser tous mes lecteurs, puisqu'elle tient à la chose publique. »

: Leltre du rédacteur à MM. les Représentants de la Commune de Paris, en date du 25 septembre 1189.

Messieurs,

Appelé à paraître aujourd’hui (sur les sept heures du soir) devant vous au sujet de ce journal, dont je me déclare l'auteur, je me suis rendu à l'Hôtel-de-Ville : j'ai sollicité plusieurs fois le moment d’être admis à l'audience; et n'ayant pu obtenir, après cinq mortelles heures d’attente, j'ai êté remis au lendemain. Le lendemain même exactitude, mêmes instances inutiles de ma part. Vos occupations sont infinies, sans doute : les miennes ne le sont pas moins, et elles intéressent bien davantage le bonheur publie : je suis l’œil du peuple, vous en êtes tout au plus le petit doigt. Ainsi trouvez bon qu'avare de mon temps, j'attende chez moi de nouveaux ordres.

Je sais, Messieurs, que j'ai parmi vous de nombreux ennemis, ne füt-ce que les intimes de l'infâme Beaumarchais, et je n'ignore pas que c’est à leur saint zèle que je dois l’honneur de votre invitation; mais je me flatte de trouver dans votre Assemblée des amis encore plus nombreux : à quel titre prétendriez-vous au nom de bons patriotes, si l'incorruptible défenseur des droits du peuple ne vous était cher?

Quoi qu'il en soit, mon dessein, en me rendant à votre audience, était de vous demander acte de la déclaration qui suit; permettez que je la fasse sous les yeux du public.

Pressé par mon zèle pour le salut de la Patrie, et déses-