La correspondance de Marat

106 LA CORRESPONDANCE DE MARAT

illégalement en Cour de Justice pour blanchir un homme dénoncé par le‘ Comité du District des Cordeliers, un homme accusé de tous les crimes, un homme flétri par l’opinion publique, et oublier le soin de leur honneur jusqu'à J’admettre dans leur Corps. Enfin elles ont été portées au comble, lorsque j'ai vu dans ce Corps des hommes logés en hôtel garni, des hommes sans état, et ne subsistant que des ressources de leur industrie, des hommes repoussés plusieurs fois par les Districts qu’ils représentent, et parvenus enfin à se faire élire en captant les suffrages, etc. Tremblant que la bonne foi du plus grand nombre,des membres de votre Comité, tous recommandables parleurs connaissances diverses et leur patriotisme, mais trop peu versés dans la politique pour découvrir des pièges cachés avec art, ne fût exposée aux surprises d’une poignée d'hommes corrompus, et qu'ils ne deviennent innocemment les instruments de l'oppression et de la tyrannie; navré de voir l'Assemblée nationale toujours subjuguée par les ennemis de l'État, et trop convaincu qu'elle ne travaillera avec succès à la Constitution que lorsqu'ils ne pourront plus s’étayer des forces mêmes du Peuple, et que la municipalité de Paris deviendra l'organe du vœu public : Je vous requiers, Messieurs, au nom de la Patrie dont je suis l'avocat, de purger incessamment votre Corps des membres en qui les vrais ciloyens ne peuvent plus prendre aucune confiance, et de purger pareillement tous les comités de l'Hôtel-de-Ville. Ces membres ne vous sont pas inconnus : et j'en nommerai plusieurs à la première réquisition qui m'en sera faite.

Le peuple ayant stupidement laissé échapper le moment de se défaire des ennemis de l'État, et la faction qui mène l’Assemblée nationale ayant tout mis en œuvre pour empêcher qu’on ne les amenât au pied des autels de la

1: Comité qui s'est toujours distingué par sa sagesse, ses vues et son énergie. (Note de Murat)