La correspondance de Marat

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les marchés, empêcher le brigandage, vous assurer des traitres à la patrie, vous opposer aux attentats du gouvernement, aux complots des aristocrates, aux menées des suppôts du despotisme.

Si, refusant de vous rendre à mes vœux, vous laissiez à nos ennemis les moyens de ruiner la liberté et la félicité publique, je dépose dans cet écrit mes trop justes sujets de crainte, pour servir un jour de témoignage contre vous. Ea nation y verra avec reconnaissance que, comptant pour rien les dangers auxquels les vengeances personnelles m'exposent, je me suis immolé à son bonheur; et elle y verra avec indignation que vous vous êtes opposés aux efforts du zèle qui m'anime : vous-mêmes, Messieurs, regreltant trop tard d’avoir fermé l'oreille à ma voix, vous maudirez la fatale sécurité où l’on vous retient ; et n'allez pas entreprendre de dissiper mes alarmes : je n'ai que trop acquis le droit de me confier à ma manière de voir. A quoi en seriez-vous aujourd'hui, si, le 14 juillet, j'avais eu les yeux de la trop confiante multitude, si je n'avais exposé ma vie pour arrêter la marche triomphale d'une vile soldatesque, éventer le complot de surprendre Paris, et de vous égorger à la faveur des ténèbres? Vous avez, parmi vous, des membres honorables qui peuvent rendre un témoignage officiel de ce fait. Je n'en fais mention que pour vous engager à ne pas repousser des conseils salutaires, et à sauver l'Etat.

4. M. Delagrey, citoyen dont Rome se serait honorée dans le beaux jours de la République. (Nole de Marat)