La correspondance de Marat

120 LA CORRESPONDANCE DE MARAT

le numéro 24 de mon journal; le corps du délit, s’il existe, est donc contenu dans ce numéro seul; pourquoi done avoir fait poser le scellé sur tous mes papiers etimprimés étrangers à celte affaire, sur mon imprimerie et sur tous mes effets ? Ce coup d'autorité inouï jusqu’à ce jour pourrait bien avoir pour prétexte l’affaire de de Joly, mais il n'avait pour cause réelle que la franchise avec laquelle j'ai démasqué les agents prévaricateurs. C’est donc une indigne vengeance personnelle et un nouveau motif de récusation contre le Châtelet, où je ne compte que des ennemis.

XLII

LETTRE A L'ASSEMBLÉE NATIONALE :

(Janvier 1790)

À Messieurs de l'Assemblée nationale.

Vous vous êtes, Messieurs, montrés jaloux de vos décrets, et à bon titre lorsqu'ils sont équitables : tel est celui qui défend l'accumulation de différents pouvoirs sur la même tête. La juste sévérité que vous avez déployée contre les parlementaires bretons est un sûr garant de celle que vous - déploierez contre un audacieux délinquant. Or, messieurs, je vous dénonce le sieur Boucher d'Argis, pour avoir cumulé sur sa tête les places de conseiller au Châtelet, de rapporteur, de député à la ville, de commandant de bataillon de la garde nationale : fonctions incompatibles qui devraient être divisées entre trois individus, elles sont dans ses mains autant de moyens d'oppression. Sous son costume de robin,

1. L'Ami du peuple, n° 97 (14 janvier 1790).