La correspondance de Marat

LA CORRESPONDANCE DE MARAT 133

cheminée du bureau, doivent se trouver trois rouleaux de papiers étiquetés sous enveloppes particulières.

Le plus petit renferme sept lettres éployées contenant des preuves authentiques de plusieurs malversations du premier ministre des finances. |

Le plus gros contient les numéros du journal de L’Ami du Peuple corrigés pour une seconde édition.

Le moyen contient le commencement d’une Histoire de la Révolution avec des fragments pour la suite.

Dans une boîte que renferme le petit cabinet, à l’un des coins du bureau, se trouvent, parmi un grand nombre de lettres sur la médecine, les sciences, efc., toute ma correspondance avec M. de Saint-Laurent au sujet des propositions -que m'a faites, en 1785 et 1186, le roi d'Espagne (par son ministre de Florida-Blanca), de passer dans ses États pour faire fleurir les sciences; plusieurs mémoires précieux sur divers instruments astronomiques de mon invention, entre autres sur un hélioscope dont la propriété est de représenter le soleil d'une grosseur prodigieuse parfaitement terminé et blanc comme neige sans fatiguer l'œil le moins du monde.

Comme le dernier attentat du Châtelet contre ma personne et mes écrits est la suite de ma dénonciation de M. Necker, je ne saurais prêter aux ennemis de l'État d’autres motifs que ceux de m'ôter les moyens de continuer à servir la Patrie en me privant de la liberté, de m’enlever tous les exemplaires de ma dénonciation du ministre, de même que les écrits contenant les preuves authentiques d'une seconde dénonciation, ou plutôt d’un supplément à la première, déjà annoncée dans le public et par moi et par mes amis. C'est à la conservation de ces pièces pré-

1. L'erreur de Marat est évidente; les pourparlers avec la cour d’Espagne sont de l’année 1783. D'ailleurs, Marat lui-même prend soin de nous avertir (Lettre à M. Joly, v. supra, p. 111) que « les noms et les dates sont l'écueil de sa mémoire ».

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