La correspondance de Marat

140 LA CORRESPONDANCE DE MARAT

lui seul de les y rappeler, lorsqu'ils le perdent de vue: c’est -à lui seul de les réprimer, lorsqu'ils s’en écartent; c'est à lui seul de les punir, lorsqu'ils l'ont sacrifié : Sortez de ce principe lumineux, à l’instant ce souverain est à la merci de ses ministres, et il en devient tôt ou tard l’esclave. Le but de la constitution serait done manqué, si les districts n'étaient pas permanents; et tous nos efforts, toutes nos privations, tous nos sacrifices pour assurer notre liberté, n'auraient servi qu’à multiplier nos chaînes.

À la force invincible de ces raisons, nos ennemis opposent mille sophismes, ils s’efforcent de nous faire craindre les horreurs de l'anarchie d’un coaflit de juridictions populaires; et ils ne cessent de nous crier que la responsabilité des agents du pouvoir doit nous suffire. Mais s'ils parlent de responsabilité, c’est qu’ils sentent bien qu’elle n’est qu'un frein illusoire, tant que le peuple n'a pas la force en main. Combien de fois n’en avez-vous pas fait la triste expérience ? À quoi ont abouti vos efforts pour amener en compte l’ancien comité municipal des subsistances? Or, s’il vous a été impossible jusqu'ici d’avoir raison de quelques valets du gouvernement, comment vous flattez-vous d’avoir raison du gouvernement même? Jugez-en par la multitude des vaines démarches que l’Assemblée nationale s’est vue forcée de faire, pour engager le ministre des finances à présenter le livre rouge.

LTIT

LETTRE AU PRÉSIDENT DE L’ASSEMBLÉE NATIONALE

(Mai 1790)

Pendant l'absence de Marat, de faux numéros de L'Ami du Peuple ne cessèrent de circuler. Quand, au mois de mai