La correspondance de Marat

LA CORRESPONDANCE DE MARAT 141

suivant, Marat revint à Paris, il écrivit au président de l’Assemblée nationale pour se plaindre de ces faits el désavouer les calomnies publiées sous son nom. En même temps, il rendait cette lettre publique, sous le titre de Lettre de M. Marat, l'Ami du Peuple, à M. le Président de l'Assemblée nationale*. Le texte de la lettre y est précédé de la note suivante : « L'Ami du Peuple, dont on connait le zèle ardent pour la cause de la liberté, est revenu de Londres, où la persécution de ses ennemis l'avait contraint de chercher un asile. Pouvait-il voir plus longtemps son nom flétri par d'infâmes imposteurs, indignes de défendre la patrie, et qui compromettaient malheureusement sa cause par les calomnies atroces qu'ils se sonl permises contre des citoyens honnêtes, contre des villes entières, dont les justes réclamations ont été présentées à l’Assemblée nationale? Les personnes clairvoyantes regardent ce honteux manège comme un piège que lui ont tendu ses ennemis, pour le forcer de revenir en France; ils ont parfaitement réussi. M. Marat redoute moins la prison que le déshonneur; ila vu froidement tous les dangers auxquels il s'exposait en défendant les droits du peuple; et il se croirait indigne de soutenir une aussi belle cause, si on pouyait le croire capable de la moindre des impostures qu'on s'efforce de lui attribuer, dans la vue de soulever contre lui l'opinion publique. »

Monsieur le Président,

L’apôtre et le martyr de la liberté pourrait-il ne trouver aucun appui au sein d’une Assemblée qui en a solennellement consacré les principes, et dont tous les moments doivent être employés à donner de sages lois à une nation qui veut être libre ? .

Né avec quelque disposition pour l’étude, je m'étais senti entrainé vers celle de la politique. Un séjour de plusieurs années à Londres me mit à portée de connaître et de dève-

1. Une broch. in-8o de 8 p., S: 1. n. d. (mai 1790).