La correspondance de Marat

442 LA CORRESPONDANCE DE MARAT

lopper les vices de la constitution anglaise, constitution qui méritait sans doute d'être admirée, mais qu'un examen plus approfondi a réduite aujourd’hui à sa juste valeur.

De retour en France, le genre de censure que j'avais exercé en Angleterre me parut trop dangereux; je rentrai dans la carrière des sciences : quelques succès dans la partie de l'optique me firent de nombreux ennemis parmi les savants.

Enfin le moment de la révolution arriva : les abus en tous genres étaient portés à leur comble; chaque jour le peuple était plus malheureux, les classes les plus aisées se xoyaientau moment d’être victimes des folles dilapidations de la cour, les esprits éclairés par les écrivains politiques soupiraient après un nouvel ordre de choses. Gémissant depuis longtemps sur les malheurs de ma patrie, j'étais au lit de la mort, lorsqu'un ami, le seul que j'avais voulu pour témoin de-mes derniers moments, m'instruisit de la convocation des États-Généraux : cette nouvelle fit sur moi une xive sensation, j’éprouvai une crise salutaire, mon courage se ranima, et le premier usage que j’en fis fut de donner à mes concitoyens un témoignage de mon dévouement; je composai l’'Offrande à la Patrie.

Je demande gràce à l’Assemblée si je suis entré dans ces détails; mais mes ennemis ont usé de tant de moyens pour me décrier et soulever contre moi tous les esprits, qu'il m'est permis, peut-être, de faire voir que je ne suis pas un

. écrivain sans principes, que mes vues ont toujours été pures, que ma plume a toujours été conduite par mon cœur, et que c’est dans cette source seule que j'ai puisé l'énergie dont on m'a fait un crime.

Après avoir publié un projet de constitution, je restai spectateur des suites que devait avoir la révolution du 14 juillet. Le plan du Comité de constitution paraissait à peine; à la première lecture je sentis combien il était impolitique, il blessait évidemment les droits de l’homme; je fis part de mes réflexions à quelques membres de l'as-