La correspondance de Marat

LA CORRESPONDANCE DE MARAT 143

semblée ; je donnai au publie mon Moniteur comme censure de ce plan, dont les articles dangereux n’ont pas été 8.

| animé de lesprit de patriotisme, j'imaginai qu'une feuille qui paraîtrait tous les jours aurait l’avantage de tenir continuellement les yeux du peuple ouverts sur ses véritables intérêts; je me livrai à ce travail pénible, je n’ignorais pas qu'en me constituant l'avocat du peuple, le censeur des différentes parties de l’administration, je m'exposais à la haine de tous les gens en place: mais le vrai patriote ne connait pas le danger. Mes amis veillaient pour moi; ce sont eux qui m'ont soustrait au traitement qu'on me préparait dans la journée du 22 janvier, où l’on déploya contre moi un appareil si formidable ; ce sont eux qui m'ont contraint de m’expatrier.

J'ai séjourné à Londres près de trois mois, les Yeux toujours tournés vers ma patrie, désolé de ne pouvoir plus lui être utile. J'y éprouvai toutefois quelques motifs de consojation : introduit dans plusieurs sociétés patriotiques, j'ai été témoin plusieurs fois des dispositions favorables des Anglais à notre égard; à la nouvelle des hostilités de l’Espagne contre l’Angleterre, trop convaincu qu’elles étaient le prélude d'une guerre de cabinet, mais alarmé de ses suites funestes , et me flattant que ma plume ne serait pas totalement inutile à la cause publique, j'oubliai le fatal décret, et je rapportai à ma patrie le tribut de mes faibles lumières. Peu après j'adressai au Comité des rapports un mémoire contenant l'exposé de mes griefs contre le Chàtelet ; mais un objet plus important à mon repos m'occupe en ce moment.

Pendant mon absence, plusieurs folliculaires attirés par l'appât du gain, se sont disputé scandaleusement mon nom. S'ils eussent bien servi la patrie, je me serais gardé de réclamer contre leur imposture; mais ils m'ont indignerment compromis; ils ont calomnié le maire de Paris, .uñt administrateur de la police et nombre de particuliers;