La correspondance de Marat

LA CORRESPONDANCE DE MARAT 147

droit de faire la guerre et la paix ne peut appartenir qu'à la nation; elle doit renoncer à toute guerre offensive, et, s'il lui convient d’armer en temps de crise, que ce soit pour conserver la neutralité. Au demeurant, si nous perdons l'alliance des Espagnols, nous aurons celle des Anglais, infiniment plus précieuse. Soyons libres une fois; il ne tiendra qu'à nous de nous unir avec eux par l'amitié la plus étroite, car très certainement ils ne demandent pas mieux. Or, quoi de plus à désirer que l'union de deux nations puissantes, rapprochées par l'amour de la liberté, par leurs intérêts communs ? Outre les avantages réciproques d’un commerce établi sur les bases les plus justes, la paix de l’Europe serait assurée pour toujours : quelle puissance pourrait résister à leurs armes réunies, et quelle puissance oserait les provoquer ?

Si la guerre dont on nous menace n’est pas simulée, ce qui pourrait arriver aux Espagnols de plus avantageux serait que leur flotte fût écrasée par celle des Anglais, que leur cabinet fût déconcerté par une guerre désastreuse, et que leur prince fût réduit à demander grâce à genoux. Alors, alors seulement, forts de sa faiblesse, ils pourraient rompre leurs fers, secouer le joug, refondre léur gouvernement, et se donner une constitution propre à les rendre libres et heureux.

LV

LETTRE A CAMILLE DESMOULINS

(Mai 1790)

Le texte de cette lettre ne nous est connu que par un catalogue d’autographes, et c'est d’après cette source que nous le reproduisons ici* :

4. Vente du 7 mars 4887. Voici la mention portée au catalogue : « Lettre signée, avec la souscription et trois mots autographes, à Camille Desmoulins; Paris, mai 1190, 1 p. in-49 ».