La correspondance de Marat

148 LA CORRESPONDANCE DE MARAT

Daignez annoncer dans vos feuilles que depuis le 22 janvier jusqu’au 18 mai, Marat n’a pas publié un seul numéro de L'Ami du Peuple; que tous les infâmes écrits publiés dans cet intervalle, sous ce titre et sous son nom, viennent d’écrivailleurs faméliques, toujours prêts à se vendre à qui veut les payer, vils marchands d’injures.

LVI

LETTRE AU TRIBUNAL DE POLICE (28 mai 1790)

C’est encore pour se plaindre des faux numéros de L'Ami du Peuple que Marat adressa cette lettre au tribunal de police. Le texte en a été publié pour la première fois, en 1828, dans l'Isographie des Hommes célèbres (tome I). L'original faisait . partie, à cette époque, de la collection d’autographes DuPLESSIS {,

Paris, ce 28 mai 1790.

S’il est affreux, Messieurs, pour un écrivain honnête, dont le zèle s’exalta quelquefois à la vue des malheurs dont la Patrie était menacée, mais dont le cœur fut toujours pur, de voir sa plume déshonorée et son nom diffamé par une vile tourbe de barbouilleurs faméliques, marchands de scandale et d’atrocités: il n’est pas moins affligeant pour lui d’être obligé de se morfondre en vaines sollicitations pour arrêter cet infime trafic, ce honteux brigandage. Ami de l’ordre et de Ja paix, j’ai l’honneur, Messieurs, de vous adresser directement ma plainte, jusqu'ici portée sans

1. C'est donc à tort que Chèvremont, qui d’ailleurs ‘n'a connu qu'un fragment de cette lettre, le présente comme inédit (JeanPaul Marat, t. 1er, p. 251).