La crise balkanique (1912-1913)

56 LA CRISE BALKANIQUE.

en moins de trente ans a été considérable; régnant sur un peuple rustre, sortant d'une nuit plus de cinq fois séculaire, réfractaire par cela même à toute idée moderne, il sut, en peu de temps, lui donner un vernis capable de tromper un œil distrait sur les « trous » qu'une brillante façade cachait. Pour concrétiser ma pensée il me suffira de transcrire une impression personnelle : alors qu’on avance au cœur de la Bulgarie par des routes (?), des fondrières, et qu'on atteint un village, qui n'est que la réunion de petites chaumières, misérables d'aspect, deux monuments imposants vous attirent les regards et vous étonnent, l'un c’est l’école, l'autre la caserne. C’est toute la Bulgarie moderne. L'armée en particulier a bénéficié de la sollicitude du roi, il en fit, il est vrai, un instrument puissant, redoutable. Reprenons chronologiquement les faits.

L’avènement de Ferdinand coïncide avec l’arrivée au pouvoir de Stambouloff, chef du parti politique anti-russe et philo-autrichien, il devait gouverner la Bulgarie jusqu'en 1895. Pendant ces huit ans il sut prêter une oreille attentive et complaisante aux projets autrichiens ; en retour d’une Autriche-Hongrie allant du Danube au golfe de Salonique, les politiciens de la Monarchie promettaient à la Bulgarie

l'hégémonie balkanique. En 1896, sur les instances