La crise balkanique (1912-1913)

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macédoniennes, il sut conserver la paix; 1908 et 1915 prouvèrent, avec évidence, ses véritables sentiments. On a souvent tendance à établir une opposition

entre gouvernement et peuple bulgare ; l’un serait

inféodé à la politique germanique, l’autre conserve-

rail intacle sa reconnaissance au « {sar libérateur ». Je crois cette opinion erronée, le peuple bulgare inculte se’ trouve sous l'influence immédiate de la

classe instruite qui lui inculque ses sentiments et ses

pensées ; or l'éducation de cette classe a été surtout

l'œuvre de l'Allemagne. Ges quelques lignes, avec une éloquence à laquelle je ne saurai prétendre, constataïent cela dès 1904: « Depuis vingt-cinq ans, les Bulgares, gouvernement et citoyens, n'ont été que les disciples de la culture germanique, les pionniers intellectuels de l'Allemagne dans le Drang nach Osten. 1ls accourent aujourd’hui à nos écoles et à nos universités françaises parce qu'après vingt-cinq ans d'hégémonie allemande ils découvrent, et le monde avec eux — que la France, malgré tout, redevient la suprême éducatrice des peuples. Mais dans ce dernier quart de siècle ce fut aux universités allemandes qu'alla s'instruire la jeune Bulgarie : la lumière bulgare au

Levant n'est qu'un reflet du soleil “germanique (1).

1. Pro Macedoma, Nictor Bérard, p. 46.