La France sous le Consulat

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des principes, et non ce qu'il y a de spéculatif et d’hypothètique. » L'édifice qui nous abrite aujourd’hui est son œuvre. Dans ce colossal travail il a eu pour collaborateurs le Conseil d'Etat ou des Commissions spéciales. Au Conseil d'Etat, composé d’un nombre restreint d'hommes expérimentés et compétents, il a trouvé la froideur d'esprit, la suite dans les idées, les connaissances techniques, le labeur ininterrompu qu'il aurait vainement demandés à une assemblée élue : c’est là qu'ont été élaborés les travaux législatifs du Consulat et de l’Empire. Mais, quel qu'’ait été Le rôle de ce grand corps et des hommes supérieurs qu'il a associés à son travail, des Cambacérès, des Portalis, des Tronchet, des Mollien, des Chaptal, pour ne citer que quelques noms “particulièrement illustres dans le groupe de légistes et d’administrateurs qui l'entoure, il les domine tous. Il à imposé aux institutions qu'il a conservées de l’ancienne monarchie, à celles qu'il a reçues de la Constituante, de la Convention, du Directoire, son cachet personnel ; il les a adaptées à l'ensemble de ses conceptions. Il est l'architecte de la France contemporaine. Omnipotence et intervention universelle de l'Etat, disparition ou dépérissement des organismes locaux, centralisation, tels étaient déjà les traits de l'administration de l’ancien régime. La Révolution à persisté dans cette tendance fondamentale, et, lorsque les nécessités de la lutte pour l'existence lui ont imposé un gouvernement fort, le Comité de Salut Public a restauré les instruments et les procédés de Richelieu et de Louis XIV. Bonaparte hériter de la Révolution, de l’ancienne monarchie, et, par delà, de l'Empire romain en vertu de ses origines et de son éducation, a fait de la France un pays puissamment cen_tralisé, administré par une hiérarchie de fonctionnaires répartis dans des cadres uniformes et dépendant de chefs de services résidant dans la capitale.