La France sous le Consulat

MANIFESTATIONS RÉPUBLICAINES 201

Dans ces armées subsistaient les idées et les sentiments républicains, amour de légalité, la haine des Bourbons, des prêtres et des émigrés. La politique inaugurée par le Premier Consul à l'égard de ces derniers était faite pour exciter la défiance ou lhostilité des soldats. D'autre part, leurs généraux illustres par leurs vertus, leurs talents, leurs exploits, voyaient avec mécontentement et jalousie la fortune de leur « camarade Bonaparte ».

La paix de ‘Lunéville (9 février 1801) ramena à Paris la plupart des chefs d'armée avec leurs états-majors: Augereau, Brune, Gouvion Saint-Cyr, Lecourbe, Macdonald, Lannes, Bernadotte, et le plus glorieux de tous, Moreau. Autour d'eux se groupait toute une clientèle d'officiers. La mise en vigueur du Concordat et l'établissement du Consulat à vie provoquèrent deux tentatives militaires qui, bien qu’avortées avant d’avoir reçu un commencement d'exécution, n’en sont pas moins deux symptômes remarquables de létat d'esprit d’une partie de l’armée. Il à 616 parlé précédemment de la première, qui eut lieu en 1802 à l’époque de la promulgation du Concordat. La seconde, connue sous le nom de complot des libelles, eut lieu la même année en Bretagne, où se rassemblait l’armée destinée à l'expédition de SaintDomingue. Le but du complot était de provoquer un mouvement militaire, qui s’étendrait aux autres garnisons et que le gouvernement serait impuissant à prévenir ou à réprimer. Deux placards intitulés, l’un, « Appel aux armées françaises par leurs camarades », et l’autre, « Adresse des armées françaises aux différents corps et militaires réformés, épars et isolés de la République », furent envoyés de Rennes dans différentes villes à des personnes que l’on croyait sûres et qui devaient les remettre à la poste pour les faire parvenir aux autorités militaires de chaque division. Le préfet d'Ille-etVilaine, le sage et habile Mounier, étouffa l'affaire dès sa naissance. La découverte de l’imprimeur des placards à Rennes