La France sous le Consulat

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amena l'arrestation du général Simon, chef d'état-major de Bernadotte commandant en chef de l’armée, du capitaine Rapatel, aide de camp du général Simon, du sous-lieutenant Bertrand, puis du capitaine Foucart et du lieutenant Marbot. L'’ambitieux et perfide Bernadotte était très probablement l’instigateur de tout ce mouvement ; mais il eut l’habileté de se trouver à Paris au moment où ceux qu'il avait poussés se compromettaient décidément. Malgré ces arrestations il n’y eut pas de procès.

Bonaparte préféra désarmer et affaiblir cette hostilité. Moreau fut comblé d'honneurs et d’éloges, en attendant l’occasion de le perdre. Des missions militaires ou diplomatiques dispersèrent les autres mécontents. Bernadotte resta à la tête de l’armée de l'Ouest. Saint-Cyr commanda la division envoyée contre le Portugal. Lannes fut envoyé à Lisbonne ; Brune, à Constantinople; Macdonald, à Copenhague. Le reste de l’armée du Rhin, la plus austère et la plus républicaine de toutes, fut embarqué pour SaintDomingue ‘. Quant à ceux qui conservaient encore des velléités factieuses ils ne tardèrent pas, pour la plupart, à y renoncer à la vue des avantages que leur assurait le nouveau régime.

En 1803, les généraux de division de première ligne, c’està-dire ceux qui commandent à Lyon, Marseille, Bordeaux Strasbourg et Turin, ont 39.000 francs de traitement : les autres généraux de division 27.000 francs. Ce n'était qu'un acheminement vers les larges gratifications, les opulentes -dotations, les gros traitements du haut état-major impérial.

Nul, du reste, parmi les grands conducteurs d'hommes n’a su mieux que Bonaparte s'emparer des officiers et des soldats, corps et âmes, en s'adressant à leurs intérêts en même

1. Pour la partie relative à l'esprit de l'armée en 1802 nous avons suivi l’excellent livre de E. Guillon, les Conspirations militaires sous le Consulat et l’Empire.