La France sous le Consulat

LA BOURGEOISIE 225

et ruineux. La restauration des finances fut un bienfait pour les petits bourgeois, rentiers de l'Etat, réduits à l'extrème misère par la Convention et le Directoire, et dont l'existence fut encore précaire dans les premières années du Consulat. Cependant l’aisance et le confortable rentrèrent dans leurs maisons, sans changer leurs goûts modestes etsédentaires. Le Voyage à la Chaussée-d'A ntin, roman paru en 180%, nous montre « l’honnête bourgeois de Paris » tout entier à son jardin situé derrière l'abbaye de Sainte-Geneviève, el bornant ses excursions au Luxembourg et au Jardin des Plantes. La classe des petits commerçants confinant, d'un côté au peuple, de l’autre à la bourgeoisie, n'eut aussi qu'à se louer du gouvernement consulaire qui ranima le petit commerce de détail, multiplia sur « les quais, les: ponts, les carrefours, les places publiques, les coins de rues et les rues dans toute leur longueur », les étalages mobiles, les échoppes, les baraques, les magasins d’épicerie et de quincaillerie.

Le peuple des villes, particulièrement les ouvriers condamnés au chômage et réduits à la misère par la Révolution, connait de nouveau le bien-être. Avec l'augmentation des salaires, l’ouvrier fait trois repas par jour : le malin, la soupe, un morceau de bœuf et du vin; à deux heures, un fruit, du fromage et du vin ; après le travail de la journée, un rôti accompagné de charcuterie ou de salade, et encore du vin. Moins payés avant la Révolution, ils ne buvaient de vin que le dimanche, presque jamais d’eau-de-vie ni de liqueurs. Leur humeur est devenue aussi paisible qu’elle était turbulente quelques années auparavant. « Le peuple, écrit un observateur en 1799, est las des scènes de révolte si souvent répétées ; Le repos est son désir absolu. »

Le paysan a été moins atteint par la Révolution que la bourgeoisie et la classe ouvrière : il a bénéficié de la translation en grand de la propriété opérée par la dépossession

15