La France sous le Consulat

ÉVOLUTION DE LA SOCIÉTÉ 241

La société”, dont on vient d'essayer d'indiquer quelques traits, est alors en voie de formation et comme à l’état d’ébauche : gouvernants, fonctionnaires, gens d’affaires enrichis, acquéreurs de biens nationaux d'une part, émigrésrentrés, cidevant nobles, représentants de la vieille bourgeoisie d’autrepart, pour ne parler que des classes supérieures et moyennes, portent encore dans leur vie privée et publique, dans leur conversation, leurs manières, leurs goûts, leurs plaisirs, les traces indéniables de leurs origines différentes. Mais une fusion s'opère dans l'ordre social comme dans l'ordre politique, autant par la force des choses que par la volonté de Bonaparte qui entreprend de réconcilier et de faire vivre ensemble l’ancienne et la nouvelle France. L'Empire l’avancera en consolidant les situations et les forlunes récentes, en les entourant du prestige de la gloire, en confondant dans le service du même maître les hommes d'autrefois et ceux de la Révolution. Elle ne sera terminée que sous la Restauration, où s'opèrera un compromis en sens inverse entre les représentants du passé, désireux mais incapables de le restaurer entièrement, et les fondateurs de la France nouvelle devenus à leur tour une aristocratie et jaloux de conserver les bénéfices de leur situation.

1. Voir l'ouvrage de Bondois, Napoléon et la sociélé de son temps, 1 vol. Paris, Alcan.

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