La France sous le Consulat

26% LA FRANCE SOUS LE CONSULAT

Bonaparte qui, depuis le 25 décembre 1797, lui appartenait comme membre de la classe des sciences physiques et politiques, section de mécanique, voulut l'approprier à ses desseins et s’en faire un instrument de domination intellectuelle, comme il avait prétendu se faire de l'Eglise un instrument de domination religieuse. Ille réorganisadans ce but. L'arrêté du 3 pluviôse an XI (23 janvier 1803) divisa l’Institut en quatre classes: sciences physiques et mathématiques ; langue et littérature françaises; histoire et littératures anciennes ; beaux-arts. La division primitive comprenait trois classes seulement: sciences physiques et mathématiques ; sciences morales et politiques ; littérature et beaux-arts. Bonaparte divisait donc cette dernière en deux classes distinctes ; en revanche, il remplaçait celle des sciences morales et politiques qui représentait si justement une des plus précieuses acquisitions du xvur° siècle, par une classe toute différente qui, à bien des égards, était un recul vers le passé. Ce changement élait significatif. Les sciences sociales et politiques, que Bonaparte confondait sous les qualifications dédaigneuses d’idéologie et de métaphysique, lui étaient suspectes, voire odieuses ; il leur attribuait « tous les malheurs qu'a éprouvés notre belle France ‘ »; c'est parmi les savants qui les cultivaient, dans la petite société d'Auteuil, qu’il rencontrait la plus vive résistance à ses projets d’absolutisme. En même temps que, sous prétexte de le réorganiser, il mutilait l'Institut, Bonaparte, dans lé même arrêté, définissait et limitait rigoureusement les occupations de chacune de ses classes. Par exemple, la seconde classe chargée du dictionnaire de la langue française, devait, en outre, examiner les ouvrages importants de littérature, d'histoire et de sciences, mais seulement « sous le rapport de la langue »: il lui était interdit de connaître du fond ; sa compétence était purement verbale et grammaticale. La troisième classe avait 1. Paroles au Conseil d'Etat le 20 décembre 1812.