La France sous le Consulat

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du Corps législatif qui devaient rester en fonctions. Le procédé une fois trouvé, Bonaparte se chargea d'éclairer les choix du Sénat. «Je ne crois pas, écrit-il à Cambacérès, qu'il soit possible de continuer à marcher lorsque les autorités constituées sont composées d’ennemis; le système n’en a pas de plus grandsque Daunou, et puisqu’enfin toutes ces affaires du Corps législatif et du Tribunat ont fait un esclandre, la moindre chose que puisse faire le Sénat, c'est d'ôter les vingts membres dissidents et d'y mettre vingt hommes bien pensants’. Le Sénat obéit: par le Sénatusconsulte du 13 mars 1809, il élimina du Tribunat et du Corps Législatif ceux qui déplaisaient le plus au Premier Consul : Daunou, Benjamin Constant, Chénier, Bailleul, Ganilh, Thiessé, Guinguené, Chazal, Isnard, ete. Ils furent remplacés par des hommes plus dociles. Les 60 nouveaux membres du Corps législatif comptaient 15 généraux ou officiers supérieurs et 25 fonctionnaires. |

Un accroissement du pouvoir, pourtant si étendu, que la constitution avait conféré au Premier Consul, était la conséquence nécessaire de cette réduction de l'opposition et de cette complicité de l'opinion de plus en plus fascinée par le génie du chef de la République. C'était le secret désir de Bonaparte et le but auquel il tendait, dès le début du consulat, mais avec une habileté consommée et des précautions infinies pour arriver à se faire offrir le pouvoir qu'il lui convenait de ne pas prendre lui-même. « Les premiers pas de Bonaparte, dit le pénétrant observateur que nous avons déjà cité, sont admirables de prudence, de sagacité et de talent. Il ne s'occupe d’abord que de l'indispensable, plantant les jalons qui marquaient la route, el qui devaient la rendre plus sûre ?. » Dans les premiers temps du consulat, c’est la Rome républicaine, c'est l'Amérique affranchie et organisée

1. Correspondance, tome VII. Lyon, 24 janvier 4802. 2. Pasquier, t. [, p. 14.

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