La France sous le Consulat

CAUSES DE RUPTURE 79

ceux de l'ancienne confédération étaient aux prises. Par l'Acte de médiation (19 février 1803), Bonaparte donna à la République helvétique une constitution fédérative, sous la présidence de Louis d'Afry, et la mit dans la dépendance de la France par un traité d'alliance défensive. Enfin le règlement des indemnités territoriales promises aux princes laïques dépossédés par la cession de la rive gauche du Rhin à la France, fournit à Bonaparte l’occasion de disposer en maître de territoires germaniques, états ecclésiastiques, villes libres, comtés, seigneuries, et de se créer une clientèle parmi les princes allemands (Recez du 23 février 1803).

L'Angleterre voyait done la domination ou l'influence de la France s'étendre sur l'Italie, la Hollande, la Suisse et l'Allemagne. Elle prit prétexte de cette politique envahissante pour ne pas tenir ses engagements. Elle maintint ses troupes à Malte, à Alexandrie, à Gorée, au Cap.

Les rapports entre les deux gouvernements se tendirent de nouveau. Aux dissentiments causés par la politique du Premier Consul s’ajoutèrent les griefs provenant de la présence sur le territoire britannique des princes de la maison de Bourbon, des évêques réfractaires au Concordat, des émigrés intransigeants, des chouans réfugiés qui, en sûreté de lautre côté de la Manche, publiaient des pamphlets outrageants contre Bonaparte, nouaient des intrigues, organisaient des complots, bref essayaient par tous les moyens de rallumer en France la guerre civile. Les violentes attaques de la presse anglaise, à laquelle ripostait non moins violemment le Moniteur par des articles inspirés, parfois dictés, par le Premier Consul, exaspéraient les passions et transformaient les discussions en un conflit entre deux nations aussi différentes l’une de l’autre que possible, et, par suite, d'autant plus acharnées l’une contre l'autre.