La France sous le Consulat

80 LA FRANCE SOUS LE CONSULAT

La rupture se produisit au sujet de Malte. L'Angleterre refusa d'évacuer cette île, alléguant les conquêtes faites par la France en pleine paix. € J'aimerais mieux, dit Bonaparte à l'ambassadeur d'Angleterre, lord Withworth, vous voir en possession des hauteurs de Montmartre que de l’île de Malte.» Aux menaces qu'il prodigua dans la scène inouie qu'il fit publiquement à l'ambassadeur, il ajouta un défi dans l'exposé de la situation de la République soumis au Corps législatif le 20 février 1 803. « Le gouvernement le dit avec un juste orgueil, seule, l'Angleterre ne saurait aujourd'hui lutter contre la France». L'Angleterre releva ce défi. Un message royal (18 mars 1803) demanda des subsides au Parlement pour répondre aux préparatifs de guerre de la France, préparatifs qui, en réalité, n'existaient pas. Bonaparte proposa de remettre Malte au tsar qui en serait le dépositaire, mais le gouvernement anglais signifia sa volonté de garder Malte pendant dix ans et réclama l'évacuation de la Hollande par les Français (manifeste du 13 mai 1803). Le 17 mai, avant la déclaration de guerre officielle, il fit mettre l'embargo sur tous les navires français et hollandais qui naviguaient sur la foi des traités. Plus de 1200 bâtiments furent ainsi capturés avec leurs passagers : les pertes s’élevèrent à 200 millions. Le 22 mai, la France déclara la guerre à l'Angleterre; en mème temps, par représailles, tous les sujets anglais qui se trouvaient sur le territoire français furent arrêtés.

Les troupes françaises occupèrent le Hanovre, domaine patrimonial ‘du roi Georges Ill, ainsi que les ports du royaume de Naples. Des traités d'alliance furent conclus avec l'Espagne, le Portugal, les Etats-Unis auxquels Bonaparte vendit la Louisiane qu'il renonçait à défendre contre les Anglais. Il ne se borna pas à liguer contre l'Angleterre, les puissances maritimes sous la direction de la France ; il résolut de l'atteindre et de la frapper dans son île. Ce