La France sous le Consulat

LA COMMISSION MILITAIRE 91

Le 20, au matin, jour où le prince était attendu à Paris, il se rendit aux Tuileries. Il dicta l'arrêté suivant :

« Le ci-devant duc d'Enghien, prévenu d’avoir porté les armes contre la République, d'avoir été et d’être encore à la solde de l'Angleterre, de faire partie des complots tramés par cette dernière puissance contre la sûreté intérieure et extérieure de la République, sera traduit devant une commission militaire, composée de sept membres nommés par le général gouverneur de Paris, et qui se réunira à VinCennes. »

Il écrivit ensuite à Réal de se rendre sur le champ à Vincennes pour faire interroger le prisonnier qui ne pouvait tarder à arriver; il lui donna un modèle d’interrogatoire qui n’est que le développement des accusations contenues dans l'arrêté précédent : « il sera nécessaire, dit-il en terminant, que vous conduisiez l’accusateur public, qui doit être le major de la gendarmerie d'élite, e/ que vous l'instruisiez de la suite rapide à donner à la procédure‘. » Murat qui avait reçu, dans la matinée les ordres du premier Consul, composa la commission avec le général Hulin pour président, et le major Dautancourt pour accusateur publie. Son arrêté porte que la commission se réunira à Vincennes «pour y juger, sans désemparer, le prévenu sur les charges énoncées dans l’arrêté du gouvernement. »

Bonaparte, de retour à la Malmaison, éconduisit sa femme et son frère Joseph, qui tentèrent encore une fois d'émouvoir sa clémence ?. Il reçut, vers trois heures, un courrier de Strasbourg, qui précédait le prince de quelques instants, et apportait le reste de ses papiers. Il les lut, fit appeler Savary et lui dicta une lettre ordonnant à Murat « de convoquer aussitôt les membres de la commission militaire et de tout finir dans la nuit. » Savary se rendit chez Murat :

4. Correspondance, t.1X, à Réal, 20 mars 1804. 2. Sorel, loc. cit.