"La Guzla" de Prosper Mérimée : étude d'histoire romantique (oštećen primerak)

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chapitre n.

ques fragments véritables, dont il avait légèrement fondu le ton avec celui de ses pastiches; de sorte que la confusion devenait plus facile et que l’écheveau était mieux brouillé 1 . » Enfin, en 1821, Charles Nodier essaya de faire passer son poème de Smarra comme une traduction de « l’esclavon ». Nous avons vu qu’il n’y réussit pas; mais nous verrons qu’il fut, par cet ouvrage, l’un de ceux qui donnèrent à Mérimée l’idée de la Guzla. Les causes qui créent les supercheries littéraires ne sont pas toujours les mêmes. Tantôt c’est le mal d’écrire d’un fou ou d’un génie bizarre, tantôt la tentative criminelle d’un charlatan ; d’autres fois le caprice d’un bibliophile, l’amusement méchant d’un esprit moqueur. Quelle était la cause qui a amené Mérimée à donner à la Guzla un caractère de mystification? C’est ce que nous verrons dans le chapitre qui va suivre. Pour le moment, il nous faut résumer le présent. Bien que les plus anciens précurseurs du folklore soient des Français, c’est à la suite de l’Angleterre et de l’Allemagne qu’en ce pays on s’est épris de la poésie populaire. Claude Fauriel y révéla, avec ses Chants grecs, un genre de recherches dont on ne soupçonnait pas l’importance, une source d’inspiration poétique dont on ignorait la richesse. Son recueil fut littéralement mis au pillage par les romantiques de 1825, si amoureux de la « couleur locale ». Les poésies populaires anglaises, écossaises, espagnoles, allemandes toutes, excepté les françaises

1 Raynouard, Journal des Savants, juillet 1824. Sainte-Beuve, Revue des Deux Mondes du 1" novembre 1841, p. 354. Villemain, Cours de littérature française au moyen âge, 1862, t. 11, p. 204.