"La Guzla" de Prosper Mérimée : étude d'histoire romantique (oštećen primerak)
PROSPER MÉRIMÉE AVANT « LA GUZLA ».
203
parle de nouveau, en apportant une légère correction. « C’est Ampère qui fit faire à M. Mérimée la connaissance de Fauriel. La première fois que M. Mérimée le vit, Fauriel avait sur sa table un ouvrage qu’il lui montra. « Voici, dit-il, deux volumes de poésies serbes « qu’on m’envoie ; apprenez le serbe 1 . » Dans la partie suivante nous verrons que Mérimée avait lu et relu les Chants populaires de la Grèce moderne avant d’écrire ceux de l’lllyrie moderne. Signalons seulement que l’auteur de la Guzla ne composa pas son recueil pour parodier les ballades populaires et se moquer de ceux qui collectionnaient ces poésies, comme on est encore quelquefois tenté de le croire. Il leur portait un véritable intérêt, intérêt qui était plus qu’un caprice passager, et dont les traces sont visibles à travers l’œuvre entière de l’écrivain. F. Brunetière, qui n’était pas un critiquecréduleetqui ne distribuaitpas facilement les compliments, cite ainsi, dans son article sur la ballade dans la Grande Encyclopédie, «l’auteur de Colomba — qui est aussi celui deZa Guzla —et qui se connaissait en chants populaires ». Déjà dans le Théâtre de Clara Gazul, Mérimée avait inséré une ballade écossaise, John Bafleycorn; dans Colomba, un vocero corse. Il emprunta le sujet de la Vénus d’llle, son « chef-d’œuvre » comme il l’appelait 2 , à une tradition populaire du moyen âge; celui de Lokis, sa dernière nouvelle, à une vieille ballade lithuanienne. Il alla même jusqu’à s’occuper de collectionner les chants populaires. En 1852, quand le fameux décret Fortoul fit croire un instant que le gouvernement
1 Revue des Deux Mondes du 1" septembre 1868. — Nouveaux Lundis, t. XIII, p. 200. 2 Une Correspondance inédite, 18 février 1857.