"La Guzla" de Prosper Mérimée : étude d'histoire romantique (sa posvetom autora)

LE MERVEILLEUX DANS « LA GUZLA ».

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des fantômes et des démons qui se sont montrés parmi les hommes ; en 1820, on publia sans nom d’auteur une Histoire des Vampires et des spectres malfaisants et les Notes sur le Vampirisme, dont fut augmentée la seconde édilion de Lord Ruthwen; en 1822, Infernaliana, édité par Charles Nodier, livre plein d’histoires de vampires. C’est alors que florissait « l’école du cauchemar », inaugurée en France par Nodier que suivirent les jeunes auteurs, comme Balzac et Hugo, dans leurs premiers romans 1 . C’était le temps où les amoureux se promenaient sous le balcon de leurs belles,, non une guitare, mais une tête de mort à la main. Relativement à ce trait de mœurs romantiques, M. Anatole France note cette curieuse anecdote : « Sainte-Beuve,, environ vers ce temps, reçut la visite d’une jeune et illustre dame [G. Sand?] ; elle lui remit une tête de mort préparée pour l’étude. Le crâne scié formait couvercle et s’ouvrait sur charnière. Elle avait mis dedans une mèche de ses cheveux : « Vous remettrez cela à A... [Alfred?] , dit-elle 2 . » Également intéressante est la description qu’a donnée Théophile Gautier de dîners romantiques de ce genre. « On se réunissait à la barrière de l’Étoile, chez Graziano, au cabaret du Moulin-Rouge, pour manger du macaroni au sughilo et boire du vin dans une tête de mort. Le doux Gérard de Nerval se chargea de fournir cet accessoire.il apporta un crâne de tambourmajor dérobé à la collection paternelle. Une poignée de commode en cuivre vissée à la boîte osseuse en faisait une coupe très présentable 3 . » Et dans le Pandœmo-

1 Voir ci-dessus, pp. 98-100. 2 Anatole France, Sainte-Beuve poète, p. 12. 3 Th. Gautier, Histoire du romantisme, pp. 50-51. Gautier lui-même débuta en 1828 par une pièce devers intitulée : la Tête de mort, avec laquelle (la poésie et non la tête) il se présenta chez Sainte-Beuve.